L'institutrice - trailer vost Fr

Un jour, Nira, une institutrice qui aurait voulu être poétesse, découvre que l'un de ses élèves, Yoav, cinq ans, a un don incroyable pour cet art. C'est un choc pour l'enseignante qui, à partir de ce moment, décide de prendre le petit garçon sous son aile. Elle l'encourage, lui donne des thèmes pour écrire. Sa présence et son ambition pour lui devient vite pesante. Amnon, le père de Yoav, voit d'un mauvais oeil cette obsession. Selon lui, son fils doit rester un petit garçon innocent. Dans l'entourage de Nira, personne ne comprend vraiment sa démarche.

Critique lors de la sortie en salle le 10/09/2014

Par Samuel Douhaire

Dans Le Policier, Nadav Lapid dressait un constat glaçant de la société israélienne, victime de son culte du nationalisme et de la virilité. C'est désormais la dérive matérialiste de son pays que le jeune cinéaste dénonce dans son troisième film, encore plus impressionnant de maîtrise. Brutalité des nouveaux riches, vulgarité des complexes touristiques, omniprésence abêtissante de la télévision. tout désespère l'idéaliste Nira, institutrice dans une école maternelle. Alors, quand un élève de 5 ans révèle un don incroyable pour la poésie, l'enseignante voit en lui un quasi-messie. Yoav, elle en est persuadée, sauvera le monde de sa décadence spirituelle. Elle recueille, donc, avec dévotion les vers sortis comme par miracle de la bouche de l'enfant. Et fait tout pour protéger le Mozart des lettres de la médiocrité ambiante.

Les longs plans-séquences aux mouvements complexes, ponctués brutalement de gros plans étirés jusqu'au malaise, soulignent l'enfermement mental de cette héroïne au visage de madone. et au comportement de psychopathe. Comme l'étudiante gauchiste du Policier qui basculait dans le terrorisme, Nira est une pure, une résistante, convaincue d'agir au nom d'une vérité absolue. La radicalité de son engagement la pousse, d'abord, à mentir (elle prétend dans un premier temps être l'auteur des poèmes du petit garçon) et à manipuler son entourage. Mais à quoi bon. les poètes installés, que le cinéaste dépeint comme des hypocrites aux ego surdimensionnés, sont tout aussi haïssables que les capitalistes jouisseurs ou les militaires décérébrés.

La puissance du film tient beaucoup au regard du rГ©alisateur sur l'enfant prodige. Yoav est un petit garГ§on en apparence banal, qui fait du toboggan, beugle un chant de supporter Г l'unisson de son copain fils de footballeur, rГ©clame sa sieste comme tous les gamins de son Гўge. Mais cet enfant au visage enjГґleur est loin d'ГЄtre innocent. conscient de la fascination qu'il exerce sur son institutrice, Yoav en joue. Au point de partager quelques moments de tendresse avec cette mГЁre de substitution avant de se refermer comme une huГ®tre. Il oppose, alors, l'opacitГ© de son visage butГ© aux tentatives rГ©pГ©tГ©es de Nira pour comprendre son don. Savoir que Nadav Lapid a Г©crit lui-mГЄme une centaine de poГ©sies Г l'Гўge de jouer dans les bacs Г sable rend son film encore plus troublant. — Samuel Douhaire

Critique du 26/09/2015

Par Samuel Douhaire

| Genre. l'enfant prodige. Dans Le Policier, Nadav Lapid dressait un constat glaГ§ant sur la… (Lire la suite)